[Frank Zappa in Paris]

By Elito Cassis

Rock En Stock, April 1978


Zappa, comme le titrait si justement un magazine que vous connaissez bien, est une légende ! une L.E.G.E.N.D.E. vivante. Une légende de près de quarante ans qui (justement tous les ans), tranquille, vient vous filer une claque – comme en janvier de l'année passée, une claque magistrale, majestueuse, somptueuse, sardonique et subtile – une baffe qui vous donne envie de tendre l'autre joue, si vous voyez zé qué zé veux dire !

Pendant les quelques jours qui précédaient le concert, il traînait du Zappa dans l'air, un peu comme lorsque l'équipe de France part affronter une équipe Internationale –- sauf qu'ici c'était l'inverse, I'équipe venait du Laurel Canyon et l'adverse c'était nous et le pavillon ... Ce qui en soi, n'est pas une mince affaire 1) lorque l'on connaît la méconnaissance des langues étrangères que se trimbalent les Français 2) lorsque l'on pense à l'acoustique du plus grand pavillon de l'Ile-de-France.

Zappa a étonné, ahuri et confirmé ce que l'on savait déjà, c'est-à-dire qu'il demeure le plus grand compositeur, concepteur et orchestrateur, et qu'il plane à 10 mille mètres au-dessus de la production actuelle coincée entre une New Wave, fabrication de journaliste et une vieille vague qui n'en finit pas de crever. Le concert démarre en vitesse grand V, folie de percus (Marimbas, xylo, batterie enchaînement au quart de tour sur un morceau de « Zoot Allures » pour déboucher sur un fantastique « Peaches en Regalia » après laquelle Zap présente ses musiciens Pat O'Hearn, basse, Terry Bozzio drums, Peter Wolf et Tony Mars aux claviers, un guitariste [Adrian Belew] et un vibra marimba, xylo [Ed Mann].

Tout au long de ce concert de deux heures trente, l'air d'un corsaire des Carabes avec son pantalon bouffant et le torse nu, Zappa dirige d'une poigne de fer ses musiciens et nous fait traverser des paysages – climats harmoniques merveilleux de « King Kong » en passant par les « Dogbreath Variations » entrecoupés de farces et pitreries extraits de « Zoot Allures » comme Disco Boy ou l'impitoyable satire sur Peter Frampton et ses groupies intitulées « I'm in you again ». Derrière les longs monologues de Zap, l'accompagnement assure avec brio et maestra.

La grande force de Zappa réside dans sa compréhension du rythme du spectacle. Dès que l'on commence à s'installer dans un climat il en change. Les morceaux s'enchevêtrent les uns sur les autres, se découpent se recoupent. Vous en aurez marre des tirades sur fond de binaire et progressions bluesi 2 mesures, on vous balance une séquence impressionniste en 7 / 4 et mode diatonique. L'éclectisme prodigieux du talent de Zappa laisse pantois.

Pour clôturer, et en apothéose, le maître se livre à une époustouflante démonstration de mime soutenu avec effets délirants de synthés et Percus réglés au quart de centième de seconde. Rappel « oblige », Zappa a entamé un « Dinah Moe Hum » enchainé de « Camarillo Brilla» suivi d'un morceau que je n'ai pas reconnu mais .qui m'a .semblé être une ballade improvisëè sur le tas en hommage au public Français qu'il avoue particulièrement porter dans son cœur. Rendez-vous à l'année prochaine, Zap...


Frank Zappa had three gigs in Pavillon de Paris in 1978, on April 6, 7 and 9. The setlists are very similar and it is not possible to tell from the article on the basis of which concert it was written.

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