Frank Zappa "Joe's Garage Act II & III"

By Bruno Blum

Best, January 1980


FRANK ZAPPA
« Joe's Garage Act II & III »
(CBS 88475)

Cet album double succède à la première partie de « Joe's Garage » sortie en octobre. Rappelons le délicieux concept : le président des USA a décrété que la musique était le satanique responsable des maux de son beau pays, aussi avait-il décidé de l'interdire sous toutes ses formes.

Cette deuxième partie que je vous présente ici raconte les déboires et états d'âme de Joe, qui s'est rendu hors-la-loi en outrepassant l'interdiction suprême de jouer. Il se retrouve en taule, entouré de monstrueuses caricatures de personnages divers appartenant au rock bizness avec qui il s'adonnera à des partouzes, draguant le robot Sy Borg sur les conseils cher payés de L. Ron Hoover (piss-take de L. Ron Hubbard, père de la Scientologie, ici «l'Appliantology »). Les idées foisonnent à un quotient au-dessus de la normale, révélant l'univers de Zappa on ne peut plus clairement. Mais ici, malgré les idées réellement géniales, inventives ( on peut affirmer que Zappa est un monstre de « suite dans les idées »), délicieuses et sans équivoque, la réalisation proprement dite de l'enregistrement s'est faite dans une monotonie d'esprit souveraine qui interdit à l'auditeur de profiter réellement du contenu.

En un mot, ce disque est chiant, mais alors chiant. D'un bout à l'autre, le son est le même, et la concrétisation des idées traitées de la même façon, c'est-à-dire sous forme de dialogues chantés, chaque ligne étant péniblement répétée quatre fois, chaque situation étant racontée par un assortiment de voix reconnaissables, à la façon d'une pièce de théâtre mise en opéra, croulant sous les arrangements et une production aussi lourde qu'infiniment parfaite. Le seul morceau à retenir est « Watermelon In Easter Hay » ouvrant la face quatre, qui illustre la sortie de prison de Joe.

Il pense à la guitare, seul moyen pour lui d'entendre de la musique, et se met à rêver un solo sublime, interprêté par FZ bien sûr, réunissant toutes les rares qualités de l'album d'une façon positive. Mais « Watermelon » ne fait que dix minutes. Huit points pour le contenu, deux pour « Watermelon », dix sur vingt : rabattez-vous sui ses autres disques, le premier Joe's Garage, par eremple.

Bruno BLUM