Le retour du Sheik

By Gilles Riberolles

Best, April 1979


FRANK ZAPPA
« Sheik yer bouti »
(CBS)

Zappa est un personnage intelligent. Tout en finesse, en subtilités ; un personnage qui sait créer un fatras sonore, et qui a la technique suffisante pour pouvoir l'enseigner aux autres ; un génie dont on ne remarque pas forcément les complexités et les complications musicales, bref le créateur d'une œuvre-labyrinthe de laquelle il devient difficile, de par sa longueur principalement, de soulever les évolutions. Enfin, j'ai mis du cœur à l'ouvrage, et j'ai réussi à souligner certains côtés fondamentaux de ce nouvel album.

C'est un double album live, agrémenté de quelques retouches en studio. C'est le troisième album live de Zappa en quatre ans, et il sera suivi par un autre album live enregistré entre autres endroits à Paris.

Frank Zappa est passé chez CBS.

Les morceaux de cet album sont ceux de sa tournée 78, c'est-à-dire qu'on y trouve : « Dancin' fool », «I have been in you », « Baby Snakes » et bien d'autres. Frank Zappa se fiche simultanément de : Peter Frampton, Bob Dylan, des Ramones, de !'Américain moyen, des Juifs, des Arabes, de la disco et du punk-rock.

Il y a au moins une face de ce double album qui est du remplissage.

Le groupe qui l'accompagne est celui de sa tournée 78, c'est-à-dire les grands Terry Bozzio, Pat O'Hearn, Adrian Belew qui depuis sont tous partis. C'est un album très bien produit, spécialement au niveau des vocaux. Frank Zappa ne joue pas de wha-wha.

Frank Zappa n'est jamais sérieux sauf quand il fait un solo.

Frank Zappa devrait faire la musique d'un film de Tex Avery.

Alors voilà, il n'y a pas grand-chose d'autre à dire sur cet album presque irréprochable, à part peut-être qu'il est sans surprises. Il reste néanmoins un album appréciable des fous de la hi-fi et du son, des maboules de Zappa, des dingues des albums live, des toqués de la distorsion, des bananes qui considèrent que la vie est belle et que dans le fond vaut mieux en rire qu'en pleurer, des fêlés qui croient en la quatrième dimension, qui pensent que l'art est aisé mais que la critique est difficile, que tout est dans tout, et aussi des autres, très certainement.