Les Fluorescents Leech & Eddie

By Jean-Paul Commin

Best, January 1973


Quelle surprise allaient donc nous réserver les compères Mark Volman (le gros) et Howard Kaylan (le maigre) ? Allaient-ils tomber dans le sérieux que semblait révéler leur album (Reprise 0598) ? Les questions affluaient et restèrent sans réponse jusqu'a ce 13 novembre aux alentours de 21 heures lorsqu'ils pénétrèrent sur la scène de l'Olympia afin d'y tenir la première partie d'Alice Cooper. Habituellement, les premières parties ne sont l'œuvre que de faire-valoir et constituent un simple « remplissage » destiné à justifier le prix des places, le public ayant ainsi en quantité, à défaut de qualité. Rien de tout cela pour ce concert, Leech and Eddie furent ... fantastiques.

On pouvait croire que Don Preston (orgue et synthetizer), Aynsley Dunbar (batterie), Jim Pons (guitare basse) et Gary Rowles (guitare) n'avaient participé à l'enregistrement qu'à titre amical. La première surprise tient à leur présence sur scène. En lui-même le fait ayant déjà un caractère exceptionnel.

La deuxième correspond à leur prestation tout entière. Du superbe « Thoughts have turned » à « Happy together » (Turtles) en passant par « Nikki Hoi » (200 Motels), les « fluorescents » apparurent comme un groupe véritablement original. Les musiciens ne portent aucune œillère musicale : l'introduction de Don Preston au moog n'ayant rien d'incompatible avec un « Happy together ». Le sérieux de Mark et Howard pour certaines compositions extraites de l'album n'empêche en rien l'existence de gags, mini-sketches laissant place à l'humour débridé du duo.

Le groupe manque encore de cohésion et pèche parfois par manque de répétition mais ce que l'on retient avant tout c'est la prodigieuse « santé » de cette musique. Les deux chanteurs s'amusent visiblement et rient mutuellement de leurs « jokes ». Lançant des « vannes » à T. Rex ou à leur ancien « patron », Frank Zappa, rien ne leur semble interdit. Seuls d'exceptionnels musiciens peuvent se permettre de réaliser un tel spectacle que celui-là et la « bande » réunie sur scène possède une somme de qualités qui rend tout possible sans la moindre anicroche.

On attendait beaucoup (trop) d'Alice Cooper, on n'escomptait rien de bien spécial de Leech & Eddie. Plutôt que la confirmation sans surprise apportée par Alice, on retiendra finalement de ce concert la découverte enthousiasmante de ces « fluorescents ».

Jean-Paul Commin.