Aynsley Dunbar

By Jean-Noël Coghe

Extra, February 1971


Aynsley, comment en es-tu venu à accompagner Frank Zappa ?

– Frank aimait ce que je faisais.

Comment cela s'est-il décidé ?

– Tout a commencé à Amougies avec mon groupe Retaliation. Cela lui plaisait et nous avons beaucoup discuté. Quelques mois plus tard, nous sommes revenus à Londres. Il m'a offert de l'accompagner. J'ai tout d'abord refusé. F'avais une nouvelle formation, Blue Whale. Puis, finalement, j'ai décidé d'aller aux États-Unis pour me reposer.

Tu habites les États-Unis ?

– Oui, à Los Angeles.

Qu'a fait ton groupe quand ils ont appris ta décision ?

– Ils font tous autre chose maintenant.

Avec Blue Whale, on sentait déjà l'influence de Frank Zappa ...

– Oui, j'ai beaucoup apprécié la réalisation de ce disque avec Blue Whale, et en particulier les moments free. C'est à ce moment que je me suis décidé à m'orienter vers ce style.

Les Mothers jouent des titres d'autres groupes. Est-ce satirique ?

– Non, tout cela n'est pas sérieux ...

Le fait d'être anglais au sein d'un groupe américain ne pose-t-il pas de problèmes ?

– Non. Pas particulièrement. Si jamais cela arrivait, je me fâcherais. (rires).

Mayall et Zappa sont deux monstres-de la pop avec lesquels tu as travaillé. Quelle différence as-tu senti entre les deux ?

– Avec Zappa, je suis bon pour sa musique, ce qui n'étais pas toujours le cas avec Mayall. John Mayall n'est pas lui-même un musicien hors pair, il a peu de technique.

Mais chez Zappa, les mots ne sont-ils pas plus importants que la musique ?

– ll y a des séquences « parlées », aux allures théâtrales, mais cela dure deux minutes, pas plus. La musique a une grande part.

Justement, au niveau musical, j'ai l'impression que tu es le « meneur ». Tout semble reposer sur tes épaules ...

– Non, pas obligatoirement. Le groupe est composé de très bons musiciens. Ian, Jeff ... , certains viennent du jazz Et on se donne à fond.

Le passage du Blues à la musique de Zappa s'est-il fait sans difficultés ?

– Je joue cette musique depuis l'âge de douze ans. J'ai joué le blues parce que c'était la mode, et techniquement, c'était ce qu'il y avait de plus facile. Je n'ai eu aucune difficulté lorsque j'ai rejoint le groupe de Zappa. Cela s'est fait tout seul. C'est une évolution. Et puis, on est musicien ou on ne l'est pas ...

Que penses-tu des groupes qui font de la politique ?

– De tels groupes m'ennuient. Jouer de la musique, c'est jouer de la musique. Faire de la politique, c'est faire de la politique. On ne doit pas mélanger. Bien sûr, la scène est un bon moyen de diffusion, mais cela ne m'intéresse pas.

Comment définis-tu Frank Zappa ?

– De la même manière. C'est en plus, un comique.

Ton avenir. Comment se présente-t-il ?

– Je ne puis rien te dire maintenant. Je suis en train d'y réfléchir.

 

propos recueillis au Nagra par J.-N. COGHE