Frank Zappa "Chunga's Revenge"

By Paul Alessandrini

Rock & Folk, December 1970


FRANK ZAPPA
CHUNGA'S REVENGE.
Transylvania boogie. Road ladies. Twenty small cigars. The Nancy and Mary music. Tell me you love me. Would you go all the way. Chunga's revenge. The clap. Rudy wants to buy yez a drink. Sharleena.
BIZARRE. 2030/30 cm

Doit-on regretter les anciens Mothers of Invention? « Chunga's revenge », s'il n'est pas une cassure totale, marque toutefois un changement d'attitude dans la démarche musicale zappienne. Changement qu'accentue le jeu des nouveaux musiciens, George Duke au piano électrique, Jeff Simmons à la basse et Aynsley Dunbar à la batterie. Leur grande technicité gomme une certaine folie, cette permanence de la satire que l'on retrouvait, même dans le jeu des i struments, précédemment, ce besoin constant de briser l'esprit de sérieux, dont témoigne ici le sous-titre du disque: « Une bohémienne mutant en aspirateur industriel danse autour d'un mystérieux feu de camp, dans la nuit. Des douzaines de castagnettes importées, saisies par l'horrible mouvement de succion de son tuyau lourd, s'agitant dans un abandon érotique marginal dans l'atmosphère d'automne à minuit. »

Mais la richesse, l'intelligence musicale de Zappa arrivent toutefois à affirmer une, fois de plus ce son différent qui est une synthèse «chimique » entre différents patrimoines. Ici au centre, le blues mais aussi le rock des années 50 avec toujours des textes parodiques. Ce disque est peut-être d'une exigence moindre que le précédent, cette œuvre unique qu'est « Weasels ripped my flesh », mais Zappa s'affirme maintenant, solide, mûr et conscient de sa force créatrice. Soutenu par le multiinstrumentiste Ian Underwood, il s'affirme aussi comme un guitariste complet, variant les tempos, et toujours souverain à la pédale wah wah. – PAUL ALESSANDRINI.